Histoire de la recherche archéologique


Les plus anciennes découvertes archéologiques dans le département remontent au XVIIIe siècle. En 1771, des tombes en plâtre furent en effet mises au jour à Noisy-le-Grand. Ces tombes appartiennent à la nécropole mérovingienne fouillée en 2008-2009 par l’Inrap.

Recherches archéologiques à Saint-Denis

A Saint-Denis, en 1812 on pense avoir découvert la tombe de Pépin le Bref devant la façade de la basilique. Les découvertes associées à la nécropole mérovingienne se succèdent : François Debret en 1816, E. Viollet-le-Duc en 1859, Jules Formigé en 1952, Edouard Salin en 1953-1954 et 1957, Michel Fleury entre 1957 et 1962. Sumner MacKnight Crosby fouille quant à lui les témoins des états antérieurs de la basilique, en 1938-1939 puis entre 1946 et 1948, dans les deux collatéraux de la crypte architecturale, les bras nord et sud du transept, la nef et le collatéral sud. Aux abords immédiats de l’édifice, plusieurs campagnes de fouilles sont réalisées dont François Debret en 1842-1844 sur les églises Saint-Pierre et Saint-Paul. Une seconde nécropole hors de la basilique est identifiée dès le milieu du XIXème s. A partir des années 1970, c’est la ville médiévale autour de l’abbaye qui est investie par la recherche archéologique, avec Olivier Meyer et l’UASD. Treize hectares et demi ont pu être explorés, ce qui confère à Saint-Denis une place éminente au sein de l’archéologie urbaine européenne. A Saint-Denis en 1982 est créé un service municipal d’archéologie doté de moyens spécifiques et associé à un musée municipal ayant investi l’année précédente un ancien carmel.

Autres sites archéologiques

Gagny naguère village, aujourd'hui ville - Georges GuyonnetLes découvertes restent rares et fortuites durant tout le XIXème s. et jusqu’aux années 1960. En1807, un trésor monétaire antique est découvert à Pantin lors du creusement du canal de l’Ourcq. En 1850, il s’agit d’un dépôt de bracelets du Bronze final de Gournay-sur-Marne lors du creusement du canal de la Marne à Chelles. On peut mentionner la collecte récurrente de mobilier antique à Gagny entre la fin du XIXème s. et les années 1950, la mise au jour de tombes mérovingiennes à l’église Saint-Lucien de la Courneuve en 1930 et près de l’église Saint-Pierre de Bondy en 1910 et en 1933. Malgré des découvertes importantes, aucune fouille n’est entreprise volontairement. Des sociétés savantes locales s’y intéressent : la Société historique du Raincy fondé en 1910 et la Société historique du Vieux Montfermeil fondée en 1922. Quelques érudits s’intéressent aux témoins archéologiques de la Seine-Saint-Denis : Léon Fallue historien de la Normandie du milieu du XIXème s. qui consacre la fin de sa vie à la collecte de matériaux archéologiques à Epinay-sur-Seine, Hector Espaullard historien de Noisy-le-Sec qui consacre une monographie en 1955 à cette ville et étudie l’Aulnoye, Gabriel Husson de 1880 à 1900 qui effectue quelques trouvailles à Romainville, Georges Guyonnet à Gagny qui recense et met en perspective les découvertes archéologiques du territoire communal.

L’archéologie bénévole des années 1960 aux années 1980

La situation évolue à partir de 1960. Une génération d’archéologues amateurs donne une tout autre envergure à la recherche. Gilbert-Robert Delahaye entame une exploration du passé médiéval et moderne de l’Aulnoye. Grâce à une série de publication importante, notamment au sein  du Bulletin de la Société historique du Raincy et du pays d’Aulnoye, il jette les bases de la connaissance du Haut Moyen-Âge en Seine-Saint-Denis. Entre 1982 et 1988, il dirige la fouille de la nécropole et de l’église mérovingiennes Saint-Genès à Villemomble. Dans l’Aulnoye, interviennent aussi Roger Benêt et Charles Peyre de la Société historique du Vieux Montfermeil (collectes de mobilier, prospections et visites de chantiers de construction). Entre 1969 et 1970, Alain Bulard assisté de Yannick Delalande procède à des campagnes de prospections pédestres et à des fouilles de sauvetage à Aulnay-sous-Bois, Villepinte et Tremblay-en-France. Entre 1960 et 1966, Dominique Travouillon et Jacques Rivière réalisent une série de sondages dans la nécropole mérovingienne de l’église Saint-Pierre de Bondy. Entre 1966 et 1972, Jacques Rivière met au jour à Bobigny les premiers témoins d’occupation d’époque protohistorique et antique. A Tremblay-en-France, l’association Jeunesse préhistorique et géologique de France fondée en 1961 procède à de nombreuses prospections pédestres révélant ainsi la dense occupation de cet espace durant l’Antiquité et le Haut Moyen Âge. Dans ce contexte, les archéologues jouent un rôle très important. En 1980, une exposition relative à l’archéologie en Seine-Saint-Denis présentée à la Courneuve montre la réalité d’un potentiel archéologique.

 Dix ans de recherches en Pays de France

Depuis 1990

A partir des années 1990, deux acteurs archéologiques investissent le département : l’Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales (AFAN) et le Département de la Saint-Denis qui crée une Mission Archéologie. L’activité de fouille se développe rapidement assurant la sauvegarde des vestiges archéologiques susceptibles d’être détruits par des travaux d’aménagement. Deux opérations d’archéologie préventive sont réalisées en 1991 hors Saint-Denis, vingt en 1995, vingt-quatre en 2000. Certains territoires sont mieux explorés que d’autres : le centre du Département (Bobigny, Bondy, Drancy), la vallée de la Marne (Neuilly-sur-Marne - nécropole des Mastraits, Noisy-le-Grand, Gournay-sur-Marne), Saint-Denis, la Plaine de France (Villepinte, Tremblay-en-France). A contrario, le Pré-Saint-Gervais, Romainville jusqu’à Aulnay-Sous-Bois et Montfermeil constitue un espace plus délaissé car la dynamique d’aménagement est moins marquée. Il y a donc moins d’opérations préventives. Concernant les périodes chronologiques les mieux documentées, il s’agit du Second âge du Fer et du Haut Moyen Âge. La Protohistoire ancienne l’est moins car les sites d’habitats sont des sites ouverts, sans fossés, aux structures peu nombreuses et souvent mal identifiées durant les fouilles.

Chantier de fouille de la fabrique de la ville à Saint-Denis. Seine-Saint-Denis Tourisme © J. Chevallier / ENS Louis-Lumière / 2015
Chantier de fouille de la fabrique de la ville à Saint-Denis. Seine-Saint-Denis Tourisme © J. Chevallier / ENS Louis-Lumière / 2015


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