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Les Auvergnats, de l'Aveyron et du Cantal à la banlieue de Paris


Vieilleur et CabretaireParis connait à partir du milieu du XIXe siècle une forte migration interne : poussés par la misère, auvergnats et bretons s'installent à Paris, important ainsi leur culture dans la ville-monde. Les premiers Auvergnats arrivent à Paris dans les années 1750. Il y en a sept cents à Paris en 1879. La Bastille est le quartier où les auvergnats se sont plus ou moins installés dès leur arrivée dans la capitale mais qu'ils ont littéralement pris d’assaut à la fin du XIXe siècle, avant d’investir, au siècle suivant, la banlieue parisienne dont quelques villes de ce qui deviendra la Seine-Saint-Denis.

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Les Auvergnats de Paris reconnaissables à leur costume

L’origine de l’alliance si durable entre l’Auvergnat et le charbon est peut-être la vente à Paris du charbon de Brassac-les-Mines qui arrivait par voie fluviale Mariniers sur l'Allier et le canal de Briare ouvert en 1644, nombre d’Auvergnats arrivent à Paris sur les sapinières, grands bateaux de bois, chargées du charbon de Brassac. Les sapinières passent de la Loire vers la Seine, et de là remontent sur Paris avec leur cargaison. Arrivés à bon port et la sapinière amarrée sur les quais de la Seine, dès les marchandises écoulées les sapinières sont démantelées, débitées en planches et vendues comme bois de chauffage ou bois de charpente. Puis, les mariniers rentrent à pied à Brassac-les-Mines, avec l'argent cousu dans la doublure de leur blouse. Une fois rentrés, ils construisent un autre bateau, le chargent de nouveau puis repartent vers Paris.

Certains de ces mariniers charbonniers restent et s’installent à Paris. Ils y exercent toutes sortes de métiers parmi les plus durs : ferrailleurs, frotteurs de parquets, laitiers, porteurs d'eau. Très pauvres, ils sont reconnaissables par leur costume étrange : large chapeau de cuir à bords roulés, costume fait de velours ou de gros drap paysan, ample blouse et sabots aux pieds, ainsi que l’écharpe rouge enroulée autour des reins pour les soutenir, cadre de bois et seaux de cuivre pour le porteur d’eau, un morceau de toile de jute pour se protéger la tête et sa charrette à bras où sont serrés les sacs de charbon pour le charbonnier. L'apogée des bougnats se situe dans la première moitié du XXe siècle. Durs au travail et formant une communauté très soudée, beaucoup d'entre eux connaîtront de belles réussites.

Les ferrailleurs et les "cafés-bois-charbon" de la rue de Lappe

Le bougnat est un immigrant installé à ParisPeu à peu les Auvergnats trouvent leur voie : celle du petit commerce où leur travail et leur sens de l'économie fait merveille. Ils sont majoritairement marchands de vin, ferrailleurs ou cochers. Ils investissent la rue de Lappe, "le village des Auvergnats", idéalement placée entre les ferrailleurs du Marais et les vendeurs de bois du faubourg Saint-Antoine. Certains s’embauchent dans les ateliers d’ébénisterie du faubourg, voire y ouvrent un commerce. Le faubourg Saint-Antoine (comme le quartier du Temple lui aussi fréquenté par les Auvergnats) est exempté de tout règlement corporatif. On y commerce donc librement et cette situation favorise l’implantation d’anciens colporteurs arrivés sans le sou et aspirants commerçants.

Dans la première moitié du XIXe siècle, la petite rue de Lappe est surtout consacrée à la ferraille. La plupart des boutiques distribue toutes sortes de métaux, du zinc des bistrots au cuivre des tuyaux en passant par le fer des instruments du travail du bois. Les Auvergnats y ouvrent également des débits de boissons, installent des cafés "bois et charbon" en nombre mais l’on trouve de ces établissements dans tous les quartiers populaires de Paris. Les Parisiens les appellent les "bougnats", mot issu de "charbougnats", association de charbonnier et Auvergnat. Le mari livre le charbon, tandis que l’épouse sert les clients. Certains complètent leur activité par la restauration et l'hôtellerie.

Aujourd'hui, même si beaucoup de cafés parisiens ont changé de main, la communauté des cafetiers aveyronnais est toujours bien présente et conserve une certaine aisance financière. La Ligne auvergnate et du Massif central, créée en 1886 par Louis Bonnet, est toujours basée rue de Lappe.

Avec les bals musettes la rue de Lappe s’encanaille

La Bastoche, rue de lappe. Brassai, coll. particulièrePeu à peu, les activités festives prennent le pas sur les bougnats et les ateliers de ferraille. La rue de Lappe, chantée par Mouloudji, devient alors le repaire des apaches, voyous et truands en tous genres, qui fréquentent les premiers bals musette où les cabrettes auvergnates s’associent aux accordéons diatoniques des Italiens et où l'on danse la bourrée en claquant des talons. La cabrette s'est effacée progressivement mais le nom est resté : le musette. Les plus grands musiciens du genre y ont joué. Dans les années 1930, dix-sept bals y sont installés, dont Le Chalet, La Boule Rouge, Les Barreaux Verts, Le Bal Chambon le Bal à Jo, du nom de son propriétaire, Le Balcon ou La Bastoche.

La mauvaise réputation du quartier, liée à la fréquentation massive des bals par les mauvais garçons, mais aussi à une petite délinquance locale engendrant des préjugés face aux Auvergnats, pousse ceux-ci à partir. Les Auvergnats du quartier, en fait surtout des Aveyronnais et des Cantalous, se sont toujours défendus d’entretenir avec les apaches le moindre rapport mais, aux yeux du Parisien, une certaine assimilation s’effectue et fait dire que le 11e arrondissement est peuplé d’Auvergnats et qu’il est mal famé. Les "café-bois-charbons" continuent d’essaimer dans les quartiers populaires de Paris et la colonie auvergnate se dissémine dans la capitale.

Dernier vestige du passage des Auvergnats rue de Lappe, La Galoche d’Aurillac, fondée par Louis Bonnet, ultime restaurant auvergnat de la rue a été vendu. Il ne reste que son mur peint, avec ses deux joueurs de cabrette, au-dessus du nouveau commerce. On se consolera de la vente de la Galoche d’Aurillac en poussant la porte de la dernière épicerie de produits d’Auvergne, chez Teil.

Les bougnats quittent Paris et s’installent en banlieue

Les ferrailleurs qui se sont enrichis commencent à réaliser des opérations immobilières. Selon leur degré d’implantation dans la capitale et surtout leur réussite, ils achètent des immeubles de rapport à Paris, des cours ou des parcelles non bâties dans le faubourg Saint-Antoine ou à proximité pour y créer des entrepôts, mais aussi des parcelles de terrain en banlieue.

Les recensements de 1891 et 1911 montrent que le pourcentage d’implantation en banlieue proche reste faible. Il y a dans le département de la Seine, en 1911, seize commerces d’alimentation et quatre-vingt-dix marchands de vin tenus par des Auvergnats.

Puis, tout au long du XXe siècle, de jeunes migrants de 25 ans se lancent dans l’aventure commerciale en périphérie de Paris sans trop de risques, d’une part parce qu’ils s’accommodent de fonds de commerce modestes et, d’autre part, grâce à l’aide financière des Amicales. Ces implantations ne cessent d’augmenter jusqu’à la fin du XXe siècle puis déclinent.

Destination principale des Auvergnats jusqu'en 1990, la région parisienne est de plus en plus délaissée au profit de la région Rhône-Alpes. En 2008, les 72 200 natifs auvergnats qui habitent Paris et sa région représentent 5,5 % des personnes nées en Auvergne. Quarante ans auparavant, ils étaient 7,7 %, soit 104 500. Malheureusement pour le folklore, les Auvergnats de Paris sont de moins en moins cafetiers ou marchands de charbon. Aujourd'hui, ces derniers ont disparu et on ne compte plus à Paris qu'un millier d'Auvergnats dans les métiers de l'hôtellerie ou de la restauration, soit deux fois moins qu'en 1990.

La Ligue auvergnate et du Massif central en Seine-Saint-Denis

Regroupés en Amicales sous la bannière de la Ligue auvergnate et du Massif central on trouve des Auvergnats dans certaines villes de la Seine-Saint-Denis, notamment à Aulnay-sous-Bois, Sevran, Livry-Gargan, Blanc-Mesnil et à Montreuil.

À Montreuil, c’est probablement la facilité d’accès de ce village qui attire les premiers Auvergnats. En effet, l’actuelle rue de Paris (RN302), ancien sentier sinueux et boueux qui n’a été empierré qu’après 1740, est dans le prolongement direct du faubourg Saint-Antoine traditionnellement voué aux métiers du bois et où de nombreux ouvriers auvergnats travaillent. Or, des ateliers d’ébénisterie s’installent aussi au XIXe siècle dans le Bas Pays de Montreuil.

À Aulnay-sous-Bois, c’est en 1939 que l’idée germe de créer une Amicale. La Seconde Guerre mondiale stoppe le projet. Mais, le 22 Janvier 1946 l’idée se concrétise et l’Amicale des Originaires du Massif Central de la Région d’Aulnay-sous-Bois regroupant Aulnay, Sevran, Livry-Gargan et Blanc-Mesnil est créée.

Ces amicales contribuent à faire vivre les traditions, véritable culture auvergnate, en organisant des fêtes et des banquets où les groupes folkloriques se retrouvent afin de conserver et partager le plaisir des danses et des costumes traditionnels de leur région. Ainsi, La Cabrette d'Aulnay-sous-Bois, groupe folklorique d'enfants et d'adultes qui se produit tout au long de l'année, regroupe environ 40 danseurs et 8 musiciens dont 4 cabrettaïres et 4 accordéonistes.


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