L’association Ba¨tina crée les voyages – Si loin/Si proche – aux sources de l'imaginaire des voyages et du patrimoine des migrations en Europe, en Afrique, en Asie mais aussi en Île de France au coin de la rue... Le voyage – objet d'imaginaire – commence dès le territoire francilien à la rencontre de l'autre, en accédant aux chapitres culturels méconnus des migrations, en permettant de mieux appréhender l'ailleurs mais aussi en tissant ici de nouveaux liens sociaux avec les habitants, esquissant reconnaissance d’autrui et découverte mutuelle en Île de France.
Pouvez-vous nous présenter votre projet ainsi que son histoire ?
Aux sources de l’imaginaire du voyage et du patrimoine des migrations, nous créons – le temps d'une balade – des temps propices à l’échange et à la liberté d’expression, révéler les « petites patries » de l’histoire urbaine, manifester ce qui lient les citoyens à la Cité : s’identifier à un récit communal, régional ou national où chacun prend sa place.
Depuis 2012, Ba¨tina tisse un champ relationnel entre habitants en Île de France : parcours singuliers, lieux de vie ou d’histoire d’un quartier, récits du patrimoine vivant, pratiques, savoirs et créations des habitants, visites d’expositions et de sites culturels. Vous musardez avec le Passeur de cultures à travers les faubourgs de la ville mais aussi ses différentes époques, ses multiples langages et interprétations avec pour unique et illustre bagage : votre imaginaire. Les Passeurs de cultures invitent à "passer" de l'autre côté du miroir, à l'intérieur de ces communautés parce qu'ils en sont souvent issus.
Au-delà du folklore d'apparat, ils révèlent les manifestations culturelles mais aussi leurs actions sociales et contributions économiques à la ville. Les Passeurs de cultures ne sont pas des guides-conférenciers ; ils travaillent sur un quartier unique qu'ils habitent ou fréquentent. Chacun est concerné parce que chacun a une histoire à raconter : le tourisme participe à faire société.
Quelle est l’origine du nom Ba¨tina ?
Au commencement, c'était une forme de boutade !
Souvent dans le tourisme, les personnes interrogées évoquent la rencontre comme motivation première du voyage. Avec quelques amis, on a voulu les prendre au mot : si vous voulez rencontrer "Le Monde", il est inutile de prendre l'avion ! Car dans des villes cosmopolites comme Paris, Londres ou Berlin : le voyage commence au bout de la rue...
Ainsi est née l'association de tourisme Ba¨tina (qui signifie Patrimoine en Croate) fondée par des membres venus de France, d'Italie, de Croatie, du Mali, du Burkina, du Sénégal... Et l'idée des voyages si loin/si proche.
Comment le thème des balades est-il choisi ?
En 2014, l'association fût cofondatrice pour l'Île de France du réseau européen Migrantour qui promeut la diversité culturelle dans les métropoles européennes.
Cela nous a permis de réaliser une formation originale en médiation culturelle appuyée sur l’histoire des migrations et la mémoire des immigrés en partenariat avec des universités, des collectivités ou des musées. Depuis, à chaque session universitaire en octobre, nous formons de nouveaux passeurs de cultures sur de nouveaux territoires franciliens.
Le thème n'est pas connu à l'avance, il prend forme lentement : à l'aune des enquêtes de terrain réalisées en concomitance par les passeurs et les étudiants de l’Irest. Les sujets peuvent être sur l'histoire d'un quartier, d'une figure de la ville, d'un lieu particulier, sur la façon dont on se nourrit, s'habille, se distrait ou on se salue aujourd'hui comme hier. Ces enquêtes se transforment ensuite en parcours urbains ou muséaux sous la conduite des passeurs de cultures qui ont contribué à leurs floraisons.
Pouvez-vous nous parler plus précisément des balades proposées en Seine-Saint-Denis ? Quelle est votre préférée ?
En fait, chaque balade charrie son cortège évocateur de récits, d'odeurs, de bruits et de fureurs... Il m'arrive parfois de me souvenir d'une époque que je n'ai pas connu !
A Saint Denis : Je rêvais Grand ! est un appel au large à l'appétit féroce pour une autre vie ; Friches Fraîches retrace l'épopée industrielle de la ville à travers les gouffres béantes que sont les friches usinières ; Marché du Monde se goûte comme un repas gastronomique dyonisien reconnu patrimoine mondial.
A La Courneuve : Ciao Italia ! nous plonge dans le quartier des Quatre Routes inventé par les immigrés italiens ; A bras ouverts revisite l'imaginaire des 4 000 : mythique ou trivial selon les époques.
Ma balade préférée - au détour d'une rue, en arpentant le côteau, crinière au vent, le pied vert, la main froide, le c½ur chaud, la parole souveraine, la tête où chevauchent mille idées et hennissent encore - ma balade préférée est celle que je ferais demain.
