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L'Oréal à Aulnay-sous-Bois ou le Syctom à Saint-Ouen et Romainville


Parler du patrimoine, ce n’est pas toujours parler d’histoire ancienne. Le patrimoine industriel de demain, c’est l’esthétique des bâtiments d’aujourd’hui qui le constituera. Parmi ceux-ci, certains édifices contemporains de la Seine-Saint-Denis traduisent les tendances actuelles, intégrant de nouvelles préoccupations, notamment en termes de paysage, d’écologie et d’environnement. Le plus souvent, ces nouvelles architectures s’imposent par leur choix du métal.

Le SYCTOM

La Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain est concessionnaire de la Ville de Paris depuis 1927 pour la distribution de la chaleur sous forme de vapeur ou d’eau chaude. Filiale d’Elyo (groupe Suez), CPCU produit et distribue de la chaleur par réseau pour les besoins de chauffage et d'eau chaude sanitaire de l'habitat et du tertiaire public ou privé dans Paris et la proche banlieue. Sa production est réalisée par trois centres de traitement thermiques des déchets, qui livrent la moitié de la vapeur sur le réseau de distribution. Le complément nécessaire et produit dans sept chaufferies exploitées par CPCU.

Les métiers de CPCU s'articulent autour de trois activités principales : la production de chaleur, le réseau de distribution et les postes de livraison.

La production est assurée par trois centres de traitement thermiques des déchets qui livrent la moitié de la vapeur sur le réseau de distribution. Le complément nécessaire est produit dans sept chaufferies exploitées par CPCU. Le réseau, d’une longueur de 427 kilomètres, dessert 5270 clients, soit l’équivalent de 35 millions de m². Les grands bâtiments publics, les immeubles de bureaux et les habitats collectifs publics et privés bénéficient ainsi de la chaleur fournie par CPCU, 24h/24 et 365jours/an. Enfin, en supprimant plus de 6000 chaufferies collectives d’immeubles et donc 6000 points d’émissions polluantes, CPCU participe de façon significative à la diminution de la pollution de l’air de la région parisienne, tous ses sites de production ayant obtenu la certification environnementale ISO 14001.

Le Syndicat Intercommunal de Traitement des Ordures Ménagères (SYCTOM) est créé en 1984 par 62 communes de l’ancien département de la Seine. Ses objectifs concernent la modernisation du traitement des ordures ménagères, la suppression des pollutions dues à l’incinération et le développement de la valorisation des déchets. Plusieurs centres sont implantés en Seine-Saint-Denis (Saint-Ouen, Saint-Denis, Le Blanc-Mesnil, Aulnay-sous-Bois, Sevran et Romainville), un autre est en construction à Bobigny.

Le site Syctom de Saint-Ouen

L’usine d’incinération de Saint-Ouen I, fonctionnant depuis 1954, était devenue vétuste et incompatible avec les nouvelles normes européennes. Le SYCTOM lance, en 1985, un concours d’architecture pour la nouvelle usine de Saint-Ouen que remporte l’équipe S’Pace, composée de Jean-Robert Mazaud, Catherine Parent et Pierre-Henri Montel. Centre d’incinération, l’usine est située en bordure de Seine afin d’y puiser l’eau de refroidissement, sur un terrain de 4,8 hectares. Le souci de l’environnement y est symbolisé par la cheminée qui, depuis 1998 et du haut de ses 100 mètres, est la première, en France, à répondre aux normes européennes.

Le site de Saint Ouen propose un mode de production de vapeur d’eau réalisé par valorisation énergétique des déchets grâce à l'incinération des ordures ménagères. La Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain valorise la chaleur issue de l'incinération des déchets et diminue ainsi le coût de la chaleur. Elle limite également l'importation d'énergies fossiles et  les transports de fioul domestique et de charbon pour approvisionner des chaudières d'immeubles.

L’usine de Saint Ouen est un site respectueux de l’environnement allié à une architecture originale.

Mise en service en 1989, l’usine de Saint-Ouen est venue renforcer et moderniser les installations antérieures datant de 1958 et adapter le site aux normes européennes antipollution, en particulier pour la désulfurisation de fumées. A celles existantes ont été ajoutées deux nouvelles chaudières, capables de produire chacune 300t/h de vapeur à 22 bars environ, pour une consommation de 37t/h de charbon. L’usine reçoit également la vapeur produite par l’usine d’incinération voisine. Cette vapeur est acheminée vers Paris par une canalisation longue de 6400 mètres. Les architectes Starkier et Utudjian ont volontairement utilisé des couleurs vives et joué sur les rapports de matières entre les revêtements de brique, de céramique ou de métal pour habiller les bâtiments aux volumes géométriques très simples. Le site est traversé par de spectaculaires tuyaux blancs, des convoyeurs de charbon, qui accentuent l’aspect ludique des lieux. De fait, l’ensemble évoque un jeu de Lego, tout en offrant une vision technologique convaincante.

Le centre de tri Syctom à Romainville

Pour le centre de tri des déchets ménagers de Romainville, réalisé en 1993, les architectes Lacombe et Poirier assistés des paysagistes Penna, ont utilisé la métaphore de l’ogre. En donnant à cette usine géante la forme d’un gros insecte, avec des pinces, une tête et un abdomen, ils indiquent clairement le dispositif organique. Les différentes opérations s’effectuent dans "l’organisme vivant" : les rampes d’accès (les pinces) servent pour l’approvisionnement, une fosse de réception (symbolisée par les mandibules) assure le stockage, la chaufferie (dans l’abdomen) permet l’assimilation. Ce centre de tri répond au souci de protection de l’environnement grâce au recyclage. Une image forte d’esthétique, de propreté mais aussi de technicité émane du bâtiment, créant un décalage avec sa fonction.

L’Oréal à Aulnay-sous-Bois

Ce monstre de la cosmétique réalise, en 1991 à Aulnay-sous-Bois, une usine de fabrication de produits cosmétiques et capillaires avec trois unités de production, des laboratoires de contrôle et des locaux administratifs et sociaux.

Les architectes, Denis Valode et Jean Pistre, ont imaginé une vaste fleur blanche constituée de trois pétales en toiture. L’ingénieur Peter Rice a réalisé ces couvertures grâce à un système de pyramides inversées dont les pointes sont reliées entre elles par des câbles et des barres minces. Ainsi, malgré une période de désindustrialisation qui a engendré un grand nombre de friches mais aussi de belles opérations de réhabilitation ayant permis de conserver certains bâtiments, quelques décennies plus tard des nouveaux programmes d’envergure redonnent à l’architecture industrielle ses lettres de noblesse.


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