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Le château bleu


Le Château bleu ou château des Tournelles est une ancienne propriété des abbés de Saint-Denis. Vendu par le cardinal de Retz, dernier abbé de Saint-Denis, à la fin du XIVe siècle, il devient la demeure des seigneurs du fief des Tournelles jusqu'à la Révolution française de 1789.

Tremblay sous l'autorité de l'abbaye de Saint-Denis

chateau bleuAprès la mort de Charlemagne, son fils, Louis le Pieu, ne réussit pas à conserver la puissance de l'État instaurée par son père. Les puissants reconquièrent leur souveraineté tandis que l'Église, renforcée par l'empereur, s'enferme dans ses possessions et agrandit ses domaines. C'est ainsi que le territoire de Tremblay, relevant jusque-là du "fisc" (terre de la couronne), est donné à l'abbaye de Saint-Denis. Commence alors pour Tremblay une période de près de mille ans placée sous l'autorité de l'abbé de Saint-Denis, seigneur des lieux. L'abbé taxe doublement les terres de Tremblay, comme religieux d'abord, avec la dîme, comme seigneur ensuite avec les redevances proprement seigneuriales. Suger fait construire au Petit Tremblay une grange destinée à recueillir les champarts, redevance en nature typique des droits seigneuriaux. Dans la cour de l'ancien château au Grand Tremblay se trouve une grange, à l'emplacement de l'actuelle grange-aux-dîmes, servant à recueillir la dîme, impôt religieux. L'abbé de Saint-Denis possède également les droits de haute et basse justice, droits redoutables puisqu'ils peuvent aller jusqu'aux sentences capitales.

Au XIVe siècle, l'étendue du domaine des abbés de Saint-Denis à Tremblay comprend 1157 arpents pour la "réserve" (exploitée par les gens de service des moines), divisés en 400 arpents de terres et 757 de bois (l'arpent est une surface agraire dont la mesure change d'une région à l'autre. Autour de Paris, 1 arpent vaut un peu plus de 34 ares). À cela, il faut ajouter 2800 arpents confiés à des tenanciers rapportant à l'abbaye les champarts et les cens (redevances en argent). Au total près de 4000 arpents sont placés sous l'autorité directe ou indirecte de l'abbaye, soit une superficie supérieure aux 2/3 de la commune actuelle. Le Château bleu est l'ancien hôtel abbatial, résidence des abbés lorsqu'ils visitaient leurs terres de Tremblay.

Du fief des Tournelles au Château bleu

Situé à l'entrée du Petit Tremblay, le Château bleu doit son nom à son toit d'ardoise qui se distingue des toits de tuile et de chaume spécifiques à la région. On retrouve le même type de couverture dans l'ancienne folie construite au XVIIIe siècle au Bourget. À l'origine, le Château bleu porte le nom de château des Tournelles. Ce sont des tours flanquant de part et d'autre l'entrée du château, des tourelles appelées autrefois "tournelles", que lui vient ce nom. Les tourelles du château sont, comme l'étaient la demeure principale et le pavillon bleu, couvertes d'ardoises. Le Château bleu était un grand domaine protégé de murs, constitué d'une part d'une ferme (à la couverture en tuiles plates) comprenant plusieurs bâtiments et de vastes terres labourables et, d'autre part, de plusieurs pavillons donnant, par des allées d'ormes, sur un bois séparant le Petit du Grand Tremblay.

La demeure principale se compose d'un vaste rez-de-chaussée offrant de nombreuses pièces décorées de boiseries, d'un étage et d'un grenier. La façade, encadrée par deux pavillons, est surmontée d'un large fronton triangulaire. Le portail date du XVIIe siècle. Partant de chaque côté de la grille du portail, un mur en demi-lune dessine une jolie courbe entre les deux tourelles de la propriété seigneuriale.

Un nouveau propriétaire peu scrupuleux

Lorsque le cardinal de Retz vend la ferme abbatiale, la duchesse de Pecquigny devient le premier seigneur des Tournelles, vassal de l'abbaye. À Tremblay, comme sur d'autres terres, il existe des fiefs mouvants dont les seigneurs doivent prêter serment aux religieux. Vassal de la châtellenie du Grand Tremblay, la duchesse de Pecquigny doit une redevance à l'abbaye. Pas moins de cinq seigneurs lui succèdent dans le fief des Tournelles pour, finalement, appartenir à la famille Turgot à la fin du XVIIIe siècle. Le sieur Roulle acquiert le château en 1817. Acheté à la famille Turgot, l'hôtel des Tournelles, ancien fief de Pecquigny, connaît des heures moins glorieuses. Le nouveau propriétaire décide la destruction d'une grande partie des bâtiments pour le seul bénéfice de la vente des matériaux. Seuls échappent à la démolition les communs, l'entrée et le pavillon qui constitue aujourd'hui le Château bleu.

Peu de temps après l'acquisition du château, le sieur Roulle dépose une réclamation au tribunal de Gonesse : il s'estime lésé après que le maire ait fait procéder à l'élagage de certains arbres dont le propriétaire du château s'estime propriétaire. En 1828, un second conflit oppose la commune et le possesseur du Château bleu. Ce dernier se plaint que le projet de dépavage d'une portion du chemin de la Pissotte rendrait difficile l'accès à son domaine. Le maire s'entête et Roulle menace d'intenter un procès. Finalement, la municipalité renonce à son projet. Après les diverses détériorations apportées au bâtiment par le sieur Roulle, le Château bleu se réduit au seul pavillon non détruit et réservé à son propre usage pour y habiter. Certaines pièces possèdent encore leur carrelage du XVIIe siècle, le même que l'on retrouve dans le chœur de l'église Saint-Médard et dans plusieurs châteaux de la région. La toiture portant toujours les ardoises, son nom de Château bleu prévaut sur celui des Tournelles.

Le Château bleu sauvé de la destruction

Jusqu'en 1980, une ferme demeure en activité sur les terres de l'ancien fief des Tournelles. Mais, au début des années 1990, le projet de création d'un complexe hôtelier de mille chambres menace le site. La municipalité utilise son droit de préemption et l'achète en 1992, sauvant ainsi le Château bleu de la destruction. La Ville y a installé un centre équestre intercommunal avec les villes d'Aulnay-sous-Bois, du Blanc-Mesnil, Sevran et Villepinte. L'architecte Massimiliano Fuksas, qui a conçu le bâtiment des Archives Nationales à Pierrefitte, a été chargé de la réhabilitation du lieu. Celle-ci a consisté pour l'essentiel à reconvertir les bâtiments existants, dans le respect du patrimoine originel, afin d'y abriter le centre équestre avec, notamment, quatre manèges couverts.

Visiter Tremblay-en-France.

Le château bleu
Route de Roissy - Vieux-Pays

93290 TREMBLAY-EN-FRANCE
48.9659284 , 2.5314223999999967
Accès Accès
Autoroute : A1 et A3 direction Lille. Puis prendre la Francilienne (A104 direction
RER : B, station Vert Galant puis bus 619 ou T'Bus, arrêt Poste
Le château bleu, Route de Roissy - Vieux-Pays , 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE

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