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Le quartier de l'Orme-Seul à La Courneuve : Une transition douce entre la cité des 4000 et sa ville


Après la démolition par implosion de la barre Debussy de la cité des 4000 logements à La Courneuve, en 1986, une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) a été créée afin de requalifier le terrain laissé libre. C’est le quartier de L’Orme-Seul.

Qu’est-ce qu’une ZAC ? 

Une ZAC est un outil « volontariste » servant de cadre à l’aménagement et l’équipement d’un terrain. Elle n’est pas destinée à améliorer ou accompagner l’évolution d’un site déjà construit. La ZAC est une procédure visant à équiper des zones sous-utilisées ou en friches pour créer de nouvelles parcelles de terrains ou traiter des îlots à démolir, comme c’était le cas pour l’emplacement de la barre Debussy. La ZAC créée, les terrains sont revendus à des constructeurs devant répondre à un cahier des charges strict, établi par l’organisme qui, à la demande de la commune et sous son contrôle, tient le rôle d’aménageur. Dans le cas de L’Orme-Seul, la SODEDAT a été cet aménageur.

La ZAC de L’Orme-Seul est circonscrite dans le quartier compris entre les rues Parmentier, Saint-Just, Honoré de Balzac et le boulevard Pasteur. Le défi pour ce nouveau quartier, dans la proximité directe de la cité des 4000 ayant assis sa réputation sur sa défaite urbaine, était de s’afficher comme le contrepoint, voire la contradiction, d’un ensemble de 102 logements. David face à Goliath ! Pour tenir ce défi, la SODEDAT fait appel à plusieurs grands architectes urbanistes qui vont y construire des logements sociaux : Catherine Furet réalise les premiers bâtiments, ceux de la rue Parmentier en 1990. En 1996, Ricardo Porro et Renaud de La Noue construisent les immeubles situés le long de la rue Honoré de Balzac, et Serge et Lipa Goldstein, ceux compris entre les rues Parmentier, Saint-Just et Honoré de Balzac.

Casser le ghetto mais conserver l’identité de la cité 

Situé à proximité de la nouvelle gare du RER, le nouveau quartier de L’Orme-Seul brise l’image d’un possible ghetto tout en conservant l’identité de la cité. L’objectif des architectes a consisté à (re)créer le lien entre l’ancienne cité des 4000 et la ville de La Courneuve. Pour la jeune Catherine Furet, dont L’Orme-Seul est l’une de ses toutes premières réalisations, l’importance est donnée au juste rapport entre volume bâti et espace vide, d’où la « fabrication » de cours et de venelles, un « morcellement en séquences ». Pour elle, la construction de logements sociaux est un challenge auquel il faut répondre avec peu de moyen. Son approche de la construction est sociale et militante autant qu’architecturale : « dans le logement social, les bons choix sont autant éthiques qu’esthétiques », dit-elle. Pour Ricardo Porro, les 90 logements aux courbes exubérantes qu’il réalise à L’Orme-Seul répondent au souci de recréer une vie urbaine sur le modèle d’un village avec, notamment, une cour fermée.

Depuis 1997, les 4000 de La Courneuve sont classés Zone de Redynamisation Urbaine (ZRU) et retenus, en 2003 comme Zone Franche Urbaine (ZFU). En 2006, une convention de rénovation urbaine est signée avec l’ANRU pour les quartiers des 4000 et du centre-ville. Autant de sigles barbares qui laissent perplexes les habitants de la cité comme les observateurs. Mais au-delà de cette sémantique déconcertante, ces appellations sous-tendent une réelle volonté d’améliorer le cadre de vie et la vie quotidienne, de lier le développement économique et l’insertion. Ne peut-on y voir alors, la prise de conscience que, malgré tous leurs défauts, les grands ensembles font partie intégrante de notre histoire urbaine et, qu’à ce titre, il est indispensable aujourd’hui de les réintégrer dans le paysage ? Des formes et des liaisons plus douces permettent de conserver, voire mettent en valeur cette partie de l’histoire de notre patrimoine urbain. Le quartier de L’Orme-Seul est la réussite prouvant que cela est possible.


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