Vestiges des temps seigneuriaux, les bornes marquaient les limites d’un domaine. La plus ancienne, du XIIIe siècle, se trouve à Clichy-sous-Bois. La plus récente, à Stains, 30 rue Carnot, date du XIXe siècle et indique au voyageur la distance qui le sépare de Paris.
Il semblerait que la borne de Clichy-sous-Bois ait été posée vers 1291. D’incessants litiges entre le seigneur de Livry et l’ordre des Templiers, qui possède un fief dans cette ville, secouent la région. Afin de tenter d’y mettre fin, il est décidé d’ériger 21 bornes délimitant le territoire de chacun des deux fiefs. La borne qui subsiste, place du 11 novembre 1918, est frappée, d’un côté, de la croix pattée des Templiers, de l’autre, des armoiries du seigneur de Livry.
Entre la borne de Clichy et celle de Stains, une série de bornes armoriées allant du XVe siècle au XVIIIe siècle, date à laquelle elles tombent en désuétude avec la suppression des fiefs par la Révolution française, jalonnent le département. Au Raincy, dans le jardin de la Sous-préfecture, une borne armoriée, qui se dressait avant dans une propriété de l’allée du Plateau, est ornée d’un écu portant trois figures en pal (pièce formée par deux lignes verticales et placée au milieu de l’écu) presque entièrement effacées. Une hypothèse avance que ces figures représentent trois socs de charrue, symbole d’une communauté de « laboureurs », paysans possédant suffisamment de matériel agricole pour s’élever socialement au-dessus des « manouvriers » ne possédant que leur bras pour travailler.
On peut voir place de la Mairie, à Coubron, une borne armoriée provenant de la forêt de Bondy. Les armes qui y sont gravées, fleur de lys, échelles et crosse abbatiale, appartiennent à l’abbaye de Chelles. Les possessions de cette abbaye dans la forêt de Bondy avoisinaient celles de l’abbaye de Livry et des seigneuries d’Aulnay et de Coubron. Cette borne a probablement été posée lors d’une campagne de bornage dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
On trouve une borne du même type aux Pavillons-sous-Bois. Elle délimitait dans la forêt de Bondy les terres de l’abbaye de Chelles de la forêt royale de Bondy-Livry. L’emblème héraldique de l’abbaye figure sur une face tandis que l’autre porte une fleur de lys, symbolisant la partie de la forêt de Bondy appartenant au domaine royal. Elle est aujourd’hui un ornement décoratif du parc de l’Hôtel-de-Ville.
Certaines de ces bornes témoignent du passage des sans culottes : la fleur de lys, emblème royal, a été grattée ou martelée. À Villepinte, deux de ces bornes royales en pierre, à la fleur de lys grattée, sont encore en place sur l'actuel boulevard Robert-Ballanger. Elles appartiennent à un type de bornes qui, jalonnant les principales routes royales de la région, indiquaient la distance jusqu’à la capitale. La cathédrale Notre-Dame de Paris était prise comme point de référence, un peu à la manière de nos actuelles bornes kilométriques. Hautes d’un mètre, un chiffre, gravé sur la face avant, indique demi-lieue (une lieue équivaut à environ quatre kilomètres) cette distance. Les bornes de Villepinte datent de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle.
À Tremblay-en-France, la borne de Mortières est d’autant plus intéressante que, non seulement la fleur de lys a été martelée mais, rareté, un bonnet phrygien au bout d’une pique la remplace. Les Tremblaysiens se sont fortement engagés dans les idées révolutionnaires au point de dénommer le village, alors appelé Tremblay-Saint-Denis, au profit de Tremblay-sans-culotte. À l’origine, cette borne était située au bord de la route de Roissy sur le territoire de l’ancien fief de Mortières. Elle est installée aujourd’hui au c½ur du Vieux-Pays.
Des bornes ont parfois malencontreusement été détruites lors de travaux d’urbanisme, mais la vigilance de particuliers éclairés a permis de préserver ce patrimoine précieux bien que peu monumental.