seine saint denis
Basilique cathédrale Saint-Denis

L'ancienne abbaye royale

L'ancienne abbaye royale de Saint-Denis a illuminé des siècles durant l'histoire artistique, politique et spirituelle du monde franc. Citons, notamment, la bibliothèque du monastère qui, à la fin du Moyen Age, est la plus importante du royaume.

Choeur, déambulatoire et chapelles rayonnantes. La contruction du chevet a été entreprise par l'abbé Suger, de 1140 à 1144. J.Mangin © Document Unité d'archéologie de Saint-DenisÉglise, abbaye, basilique puis cathédrale

L'église abbatiale a été dénommée "basilique" dès l'époque mérovingienne. Ce qualificatif s'applique dès le IVe siècle aux églises dont le plan reprend celui des bâtiments civils romains où l'on pratiquait le commerce et où l'on rendait la justice, souvent édifiées à l'extérieur des villes et sur la tombe d'un saint. Elles sont fréquemment à l'origine du développement d'un quartier ou d'un bourg, comme la ville de Saint-Denis, qui se constitua autour de l'abbaye et de son potentiel économique.

En 1966, la basilique devient cathédrale, nom dérivé de "cathedra", siège de l'évêque qui s'y trouve. Une copie du trône de Dagobert, dont l'original se trouve au cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale, est actuellement utilisée à Saint-Denis par l'évêque comme siège épiscopal.

Un témoignage architectural unique

L'église s'élève sur l'emplacement d'un cimetière gallo-romain, lieu de sépulture de saint Denis martyrisé vers 250. Outre une crypte carolingienne, vestige de l'édifice consacré par Charlemagne en 775, la basilique conserve le témoignage de deux bâtiments déterminants pour l'évolution de l'architecture religieuse : le chevet de Suger (1144), qui constitue un véritable hymne à la lumière, manifeste du nouvel art gothique et la partie reconstruite, au temps de Saint Louis, dont le transept, d'une ampleur exceptionnelle, était destiné à accueillir les tombeaux royaux.

La basilique Saint-Denis et la royauté

Vue générale de la nef. Les reconstructions de la partie supérieure du chevet de Suger et du vaisseau ainsi que l'ajout d'un transept ont été lancés et suivis par les abbés Eudes Clément puis Matthieu de Vendôme dès 1231. Les travaux s'échelonnent sur tout le XIIIe siècle.  P.Cadet © CMNLieu de mémoire, dès le haut Moyen Age, le monastère dionysien a su lier son destin à celui de la royauté s'affirmant peu à peu comme le lieu de sépulture privilégié des dynasties royales à la faveur du culte de saint Denis. Quarante-deux rois, trente-deux reines, soixante-trois princes et princesses, dix grands du royaume y reposèrent. Avec plus de soixante-dix gisants et tombeaux monumentaux, la nécropole royale de la basilique s'impose aujourd'hui comme le plus important ensemble de sculpture funéraire du XIIe au XVIe siècle.

Mais la basilique de Saint-Denis n'a pas été dès l'origine de la royauté franque considérée comme le "cimetière aux rois", comme l'avait défini un chroniqueur du XIIIe siècle. Jusqu'au Xe siècle, l'abbaye royale a été en âpre concurrence avec de nombreuses autres nécropoles, notamment Saint-Germain-des-Prés.

Lors de l'avènement des Capétiens en 987, le rôle de nécropole royale s'affirme et la plupart des souverains y reposeront jusqu'au XIXe siècle ; même si pour des raisons politiques, religieuses ou personnelles, quelques rois comme Philippe Ier en 1108, Louis VII en 1180, Louis XI en 1483, Charles X en 1836 et Louis-Philippe en 1850 seront inhumés dans d'autres lieux. Louis XVIII, mort en 1824, est le dernier roi à reposer dans la basilique.

Vue de la nécropole royale. Côté nord de la basilique. P.Cadet © CMN Les souverains ont toujours été au cours de l'histoire en quête de légitimité, ce qui explique pour partie leur volonté de reposer auprès des reliques de saint Denis, Rustique et Eleuthère, (tous trois ayant été martyrisés ensemble). Par l'intermédiaire de la puissance des saints martyrs, le roi pensait ainsi acquérir pouvoir et protection pendant sa vie, notamment au cours de ses batailles, et selon la croyance, accéder directement au Paradis.

"Montjoie saint Denis !"

Copie du XIXe siècle de l'oriflamme de Saint-Denis. La bannière sera levée pour la première fois par Louis VI en 1124, et pour la dernière fois en 1418. P.Cadet © CMNCri de ralliement des chevaliers sur les champs de bataille du XIIe et XIIIe siècle, inscrit sur la bannière de couleur écarlate parsemée de flammes d'or du fameux oriflamme de Saint-Denis. "Montjoie saint Denis" devient la devise du royaume de France, qui se place ainsi sous la protection du saint tutélaire du royaume : saint Denis. Cet étendard est une belle image de l'union personnelle entre l'abbaye, le saint patron et le roi. Cette enseigne était systématiquement levée en temps de guerre par les souverains qui venaient la recueillir des mains de l'abbé sur l'autel des saints martyrs. Elle est un des objets majeurs de l'épopée médiévale autour duquel se forme un premier sentiment national. Une copie subsiste dans la basilique.

Le retour des rois

Saint Louis prend l'oriflamme à Saint-Denis, en 1248La guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, les troubles politiques contribuent au déclin de l'abbaye royale de Saint-Denis bien avant que la Révolution ne le précipite. En 1793, les révolutionnaires s'attaquent aux symboles de la monarchie mais la basilique échappe à la destruction totale. En 1806, Napoléon Ier ordonne la restauration du bâtiment. Puis Louis XVIII restitue à l'abbatiale son rôle de nécropole. Les travaux de restauration se poursuivent tout au long du XIXe siècle et sont dirigés par les architectes Debret puis Viollet-le-Duc à partir de 1846.



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