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L'été à Paris

L'été du Canal rencontre Jacques Villeglé

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L'été du Canal a rencontré pour vous le célèbre artiste contemporain Jacques Villeglé. Il nous a très chaleureusement accueilli dans son atelier parisien. Nous revenons sur cette rencontre durant laquelle nous avons abordé les raisons de la présence de l'artiste dans le projet De l'Art à l'Ourcq, parcours street art à Paris.

Pour son édition 2014, l'Été du Canal a donné carte blanche à une trentaine d’artistes. Ceux-ci ont produit des œuvres artistiques le long du canal de l’Ourcq. Parmi eux, se trouvait Jacques Villeglé, que nous avions rencontré pour l’occasion.

Mercredi 16 juillet 2014 nous sommes allés à la rencontre de ce célèbre artiste contemporain dans son atelier du 3e arrondissement de Paris.

Il est 10h30 et nous avons rendez-vous avec l’artiste pour revenir sur son parcours et aborder avec lui les raisons pour lesquelles il a voulu participer à l’événement L’été du Canal. Nous accueillant très chaleureusement, cet homme âgé de 88 ans continue de pratiquer sa passion comme à ses premières heures. À notre arrivée, Jacques Villeglé attire notre attention sur ses travaux du moment qui répondent à une commande privée comme cela lui arrive de plus en plus. Un plan de travail très épuré composé des outils indispensables pour l’artiste : la règle et l’équerre. On comprend à la vue de ces objets l’influence de son métier d’origine, l’architecture. Modeste, il nous affirme n’avoir jamais été vraiment à l’aise dans le dessin libre et préfère la précision de ces outils géométriques.

Le parcours artistique de Jacques Villeglé traverse la seconde moitié de l’histoire du XXe siècle. C’est à partir de 1945, lorsque la parole des artistes put à nouveau se libérer, que l’artiste en herbe trouve sa voie dans la récupération d’affiches lacérées. Dès ses débuts, le terrain de jeu de ce "collectionneur" d’affiches fut la rue, et L’Été du Canal prouve que le maître est toujours actif à l’extérieur de son atelier.

Lorsque l’on aborde la relation qu’il a avec le street art et les artistes urbains, Jacques Villeglé nous rappelle qu’il fait du street art depuis 22 ans. Ce qui l’attire dans cet univers c’est avant tout son essence éphémère et son accessibilité. Tout comme les affiches, le street art révèle certaines opinions et tendances du moment. Il avoue avec le sourire que "cela [lui] permet de fréquenter de jeune artistes", de rester au contact de la création actuelle. Aujourd’hui, Jacques Villeglé ne travaille plus les affiches lacérées et se consacre principalement à son "alphabet socio-politique" qu’il décrit comme étant des idéogrammes et des signes ayant une signification sociale et/ou politique. Ces symboles ont été le support de la propagande d’un temps passé (la croix gammée du Nazisme, le marteau et la faucille du Communisme…), de la paix (symbole Peace and Love) mais beaucoup de symboles présents dans son alphabet sont ignorés pour la majorité des passants. La politique fait partie intégrante de la démarche de l’artiste qui se pose comme témoin de l’Histoire qui se déroule sous ses yeux.

L’œuvre produite par Jacques Villeglé pour L’été du Canal en 2014 est le détournement d’un meuble urbain communément utilisé pour mettre en avant des affiches commerciales. Sur une face il a détourné les lettres du célèbre "carré de Sator" en les complétant par les symboles de son alphabet socio-politique. "Pompéi" est une œuvre qui peut se lire dans tous les sens et laisse apparaitre ce carré magique composé de "Sator Arepo Tenet Opera Rotas", la plus ancienne présence de ce carré a été trouvé à Pompéi. Il peut être traduit de la façon suivante "le laboureur Arepo utilise les roues (sa charrue) comme forme de travail" entre autres significations. D’autres considèrent que ce carré fut un signe d’appartenance utilisé par les premiers chrétiens afin de se reconnaître entre eux.

Rencontre avec Jacques Villeglé street artiste et créateur iconoclaste

Comment êtes-vous arrivé dans le projet "De L’art à l’Ourcq" ?

C’est la sympathie que j’ai pour les jeunes du street art, qui me permet de fréquenter les générations suivantes car on ne sait jamais comment va tourner l’Art. Je vois que la marginalité est nécessaire dans ce milieu, moi j’ai été marginal jusqu’à l’âge de 33 ans, je travaillais dans l’architecture ce qui me permettait de rester libre et de ne pas devoir vendre mes œuvres pour vivre. Je suis reparti dans le street art en 2008 rue Oberkampf [Projet Le Mur], sur un grand mur qui a été volé, pour moi c’était amusant. J’ai aussi fait des conférences à Beaubourg avec deux artistes du street art. J’ai connu Miss Tic entre autres. Je les ai aussi critiqués à cause de la signature car pour moi la peinture ne doit pas être personnelle.

Avez-vous conscience d'être une source d'inspiration pour une partie de ces "street" artistes ?

Je les accueille sympathiquement. Pour ma part, je n’ai jamais cru à la fin de l’Art, pendant la guerre j’ai vu des artistes se faire arrêter, mais même dans un bagne ils ont continué à créer car un artiste, même dans un bagne, trouvera des moyens traditionnels pour travailler. Si j’ai fait les affiches lacérées cela veut dire qu’il faut toujours chercher de nouveaux moyens de faire de l’art et j’étais plutôt attiré par le Cubisme car il a montré le changement. C’est le comportement de ces artistes cubistes qui m’a séduit et non les formes.

Votre alphabet socio-politique est en perpétuelle évolution, est-ce que le graff l'alimente ?

Non, c’est le NIXON détourné que j’ai découvert sur un mur dans les années 60 qui m’a fait réfléchir à cet alphabet. Pour certains signes la plupart des gens ne se posent pas la question de sa signification alors qu’il y en a une.

Pouvez-vous nous parler des œuvres que vous avez réalisé pour L'été du Canal ?

Je me suis toujours intéressé à la typographie, c’est pour cela que le Cubisme a attiré mon attention. La typographie reste toujours moderne, n’est jamais démodée. Certains graffitis d’époque sont très violents et peuvent heurter comme "l’avortement est un crime", mais maintenant ils sont devenus de l’histoire. Dans mon cas, j’expose dans la rue car les gens n’entrent pas dans les galeries, c’est donc un moyen de les toucher et de les faire réfléchir. Je n’avais pas envie de travailler sur ma sensibilité et l’exprimer mais plutôt montrer la sensibilité des gens. Je devais faire quelque chose de nouveau, de différent. Maintenant je travaille sur commande mais je mets ma touche personnelle dans ce travail. 

Le "SATOR" est très connu, il a été relevé au XVIIIe siècle. L’idée est de montrer qu’il y a une constance dans l’esprit humain.

Travaillez-vous toujours dans la rue ?

J’ai arrêté les affiches car c’est très fatigant et c’est comme une drogue. C’est très prenant, c’était fantastique à faire. Maintenant avec les technologies, les affiches se font très rapidement sur ordinateur et je pense que ces nouvelles techniques sont une bonne chose.

Jeudi 24 Juillet 2014 - 14:55

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