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Interview d'Emmanuelle Labeau - réalisatrice du film documentaire "Kimbidalé"


  • Film documentaire Kimbidalé d'Emmanuelle Labeau
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Emmanuelle Labeau est une jeune réalisatrice. Pour son premier film documentaire "Kimbidalé - entière", elle s'attaque à un  sujet difficile dont on parle trop peu : l'excision. Elle a accepté de nous parler de son film, de son engagement mais aussi des lieux de sortie à Bagnolet, où elle habite.

Kimbidalé est un film sur l’excision en pays Afar éthiopien, qu’est-ce qui vous a conduit à travailler sur ce sujet ?

Kimbidalé est né grâce à une succession de rencontres, de volontés et de solidarités : d'abord à Bagnolet, dans le quartier des Coutures. C'est dans ma cité, là où j'ai grandi que j'ai rencontré une grande militante Afar originaire de Djibouti et d'Éthiopie, Aïcha Dabalé. Depuis 30 ans, elle lutte contre les violences faites aux femmes Afar de la Corne de l'Afrique (Djibouti, Éthiopie, Érythrée). Membre de l'association Femmes Solidaires, elle m'a informé des actions de solidarité internationale que le mouvement féministe français mène au côté des femmes Afar d'Éthiopie, depuis 2005.

J'ai été toute de suite touchée. Aïcha Dabalé et Yvette Barilleau, une autre militante de Femmes Solidaires et référente du projet pour l'association, m'ont raconté comment deux femmes Afar, deux femmes courageuses, audacieuses, Madina Aïdahis et Halima Issé, ont mené une lutte sans merci, quotidienne, et ce depuis 20 ans, pour mettre fin à l'excision et l'infibulation dans leur pays. Et ainsi, dire non à une tradition vieille de 27 siècles. Quel chantier!  Quel courage!

Elles m'ont ensuite expliqué comment Femmes Solidaires, qui compte plus de 10 000 adhérentes et 190 comités locaux en France, a accompagné les militantes Afar en mettant en place le "Marrainage", en construisant une Maison des Femmes pour aider celles qui fuient les violences (mutilations génitales féminines, appelées MGF, mais aussi mariages forcés...).

En 2013 lors du Congrès National de Femmes Solidaires, j'ai fait deux autres rencontres : d'une part Sabine Salmon, Présidente nationale de Femmes Solidaires, d'autre part Madina Aïdahis, celle dont me parlait Aïcha Dabalé depuis quelques mois maintenant. J'ai été tellement touchée par ses paroles, son courage qu'il me semblait évident de parler de cette histoire. En tant que journaliste reporter, je pensais évidemment à un reportage pour la presse écrite. Puis, lors d'un déjeuner, Sabine Salmon et le Dr Kouyaté (Directeur exécutif du Comité Inter-Africain qui lutte contre les traditions ayant des effets néfastes sur les femmes et les enfants) m'ont demandé si c'était possible de faire un film documentaire retraçant ces 10 années de solidarité internationale et réciproque. Ça tombait bien ! Je sortais tout juste d'une formation de Journaliste Reporter d'Images. Il ne m'a fallu que quelques secondes pour accepter cette idée. Et l'aventure a commencé. Je me lançais dans l'écriture, la réalisation de mon premier film documentaire.

Comment produit-on un film sur un sujet aussi difficile ?

La solidarité de toutes les Femmes Solidaires, des amis et connaissances touchés par ce projet a permis de produire ce film. Les militantes ont récolté de l'argent pour me permettre de partir en Éthiopie en avril 2014 et ainsi me permettre de suivre une délégation de Femmes Solidaires. Des amis m'ont prêté du matériel de tournage (caméras, micro, trépied...). Ce film est une auto-production.

Nous n'avons pas eu la chance à l'époque d'intéresser producteurs et diffuseurs. Alors lorsque l'on ne passe pas par le chemin conventionnel, on trouve des déviations. C'est plus laborieux certes, mais si passionnant et formateur. On y trouve également une certaine indépendance, une liberté si précieuse de nos jours. Ainsi, j'ai écrit, réalisé, cadré, pris le son, monté ce film. Pour les finitions, encore de la solidarité, Medhi Lallaoui – directeur du Festival Images de la Diversité et de l'Egalité (Fidel) – a financé le mixage et l'étalonnage. Ce film, ce sont des rencontres, des solidarités, des femmes extraordinaires et de l'espoir....

Cette pratique ancestrale est-elle en voie de rémission dans cette région ?

Je ne peux faire de généralités. En tout cas dans les 7 villages où Madina, Halima, Aïcha et les Femmes Solidaires opèrent (à savoir 7 villages autour de la ville de Gawani située à 400 km au nord est d'Addis Abeba), l'excision et l'infibulation ne sont plus pratiquées. Il y a toujours une minorité qui souhaite préserver cette tradition mais elle est de moins en moins audible voire peu appréciée.

Il y a également une loi appliquée dans la région depuis 2011, qui interdit ces pratiques et condamne à de lourdes peines d'amendes et d'emprisonnement, l'exciseuse, les parents, les grands parents, et les complices. Les militantes Afar nous disent tout de même qu'il faut rester vigilantes malgré la loi, car il existe toujours des foyers de résistance. Cette vigilance s'applique de toute manière partout dans le monde quand il s'agit des droits des femmes. 

Vous avez choisi le documentaire pour témoigner, quelles autres armes avons-nous pour lutter contre cette pratique ?

La solidarité, s'informer, s'ouvrir au monde, témoigner pour les victimes, adhérer à une association comme Femmes Solidaires, faire un don pour aider ces femmes ! Acheter le DVD du film Kimbidalé.

Aujourd'hui Femmes Solidaires continuent à aider les femmes Afar en luttant certes toujours contre les MGF mais aussi contre les Mariages Forcés. Pour ce faire, elles ont le projet de construire un internat pour scolariser les jeunes filles en âge d'être mariées, c'est à dire 12 ans. Pour construire cet internat qui sera à côté d'un collège et d'un lycée, il faut des financements. Nous démarchons actuellement institutions, fondations, organisations internationales pour réaliser ce projet d'internat. Autre projet qui demande également des aides financières, c'est le projet d'autonomisation des femmes Afar. Pour qu'elles puissent être plus fortes et dire non aux violences, elles veulent être autonomes, ne plus dépendre des hommes. Femmes Solidaires les aident à concrétiser leurs projets. 

Où peut-on voir votre documentaire ?

Kimbidalé sera prochainement projeté au Cin'Hoche à Bagnolet, le jeudi 16 avril à 20h30. À l'issue de la projection, un échange avec le public est organisé, en présence notamment du Docteur Foldès, Chirurgien urologue, inventeur de la chirurgie réparatrice du clitoris, et co-fondateur de l'Institut en santé génésique (Saint-Germain-en-Laye). L'entrée est gratuite. Nous mettrons un "petit chapeau" à l'entrée du cinéma pour une participation libre. Et nous organisons une tombola avec de nombreux lots venus d'Ethiopie à gagner. Le ticket de tombola est à 2 euros. Il est possible d'en acheter dans les centres de quartier à Bagnolet ou en contactant le Comité Femmes Solidaires à Bagnolet.

Kimbidalé passera également au Cinéma La Clef dans le 5e arrondissement de Paris, le 10 juin 2015 et au cinéma L'Univers à Lille, le 18 novembre à 19h. D'autres projections sont en cours de programmation. On peut retrouver toutes les dates sur le site de : Femmes Solidaires
Aussi, il est possible d'acheter le DVD du film. Son prix est de 25 euros. Il est important d'informer le public que toutes les recettes générées grâce aux projections et à la vente de DVD du film sont entièrement reversées aux femmes Afar pour qu'elles puissent continuer leur combat. 

À propos de sorties, pouvez-vous nous conseiller des lieux de sorties à Bagnolet où dans le nord-est parisien ?

Je peux vous conseiller d'aller voir l'excellente programmation du Théâtre Le Colombier, 20 rue Marie-Anne Colombier. Pour les restaurants à bagnolet, la Fonderie de l'Image a rouvert dans une ambiance conviviale, avenue Galliéni. La Médiathèque de Bagnolet est un lieu agréable pour la lecture et pour écouter de la musique avec en plus une belle programmation (exposition, ateliers...) pour les grands et les petits (à côté de l'Hotel de Ville). Le Cin'Hoche (6 rue Hoche) sélectionne autant des films qui font le buzz que des films peu médiatisés (comme Kimbidalé) grâce notamment à l'Association Bagnoletaise du Cinéma (dite aussi ABC). 

Jeudi 09 Avril 2015 - 14:10

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