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A la découverte du patrimoine de la Seine-Saint-Denis


La conservation du passé, présentée aujourd'hui comme une évidence, est une invention récente puisqu'elle date de la Révolution française de 1789. L'idée d'un « patrimoine » correspond au besoin d'une filiation. C'est un rapport au passé, dans le présent et pour l'avenir.

Aussi, le patrimoine englobe non seulement des objets d'art et des objets usuels, des architectures, des morceaux de ville et des bâtiments industriels, mais aussi des paysages et des équilibres écologiques.

Basilique royale Saint-DenisLa Seine-Saint-Denis n'a pas fini de livrer tous ses charmes. Après avoir franchi la ceinture des maréchaux, poussé des portes pour savourer l’ombre de la cour d'une ancienne ferme à Tremblay-en-France, ou du jardin d'une « folie » à Villemomble, s'être promené le long des allées de la cité jardin de Stains, flâné au bord du canal de l’Ourcq ou visité la Basilique cathédrale de Saint-Denis, le promeneur prendra, à la pointe de son soulier, l’aune d'une valeur identitaire qu'il avait jusque là insoupçonné. La Seine-Saint-Denis présente-t-elle un patrimoine cohérent dont la valeur tiendrait à son unité apparente ? Certainement pas !

C'est dans l'histoire de sa constitution, des typologies architecturales - rurales et urbaines - qui cohabitent ou se confondent avec parfois plus ou moins de bonheur, que s'alimente son patrimoine. Les générations passées nous ont laissé des signes. À nous de savoir regarder et apprendre à les découvrir.

Sur les traces de nos ancêtres

Si l'on ne peut pas vraiment parler d'une histoire de la Seine-Saint-Denis, puisque le département n'existe que depuis un peu plus de 40 ans, il est possible, en revanche, d'évoquer l'histoire d'un territoire correspondant aux limites de l'actuel département. De la préhistoire à nos jours, le sol et le sous-sol de la Seine-Saint-Denis conservent les traces du passage des hommes. Les découvertes archéologiques à Bobigny, les noms de lieux gallo-romains (comme Romanavilla pour Romainville ou Gannus pour Gagny), l'évolution de l’agriculture et de ses techniques, sans oublier Saint-Denis, témoin essentiel d'une histoire qui déborde largement celle du département, sont autant d'indices qui attestent de la participation de la région à l’histoire.

Pas moins de 400 sites archéologiques ou indices d'occupations depuis le paléolithique ont été recensés. Si 20% des sites se trouvent sur le territoire de Tremblay-en-France, nous ne pouvons ignorer l’agglomération antique découverte à Gournay-sur-Marne, les vestiges de faune du paléolithique trouvés dans les sablières de Montreuil en 1860, la sépulture néolithique mise au jour à Neuilly-sur-Marne en 1842, le dépôt d'armes et d'objets de parure de l'âge du bronze de Pantin, ou bien encore, des fouilles de la nécropole mérovingienne de Saint-Denis.

Grange aux dîmes - TremblayL'affirmation de la civilisation gauloise en Seine-Saint-Denis inaugure un cycle historique de 1 500 ans qui engendrera une forme particulière d'aménagement du territoire, comme en témoignent les fermes gauloises de Bobigny et de Saint-Ouen. Puis, avec les Romains, les campagnes du département connaissent une densité d'occupation qui ne sera égalée qu'au XIIe siècle. Enfin, la révolution industrielle du Moyen-âge donnera (presque) à notre région sa physionomie actuelle, grâce aux grands défrichements du XIVe siècle. Le paysage se ponctue de villages dans une région où seuls, Montreuil est un gros bourg et Saint-Denis une ville déjà conséquente.

Enfin, une véritable géographie du spirituel s'est constituée peu à peu, du Moyen-âge à la Révolution de 1789, au hasard de la construction des églises, chapelles, prieurés, léproseries, granges-aux-dîmes (Tremblay-en-France), puis, dans une moindre mesure, durant les siècles suivants, y compris la présence d’une mosquée (à Bobigny).

Un patrimoine urbain reflétant les acquis architecturaux

Cité Jardin de Stains Dans un paysage urbain, divers styles architecturaux et plusieurs couches du passé se côtoient, tant au niveau d'une maison, d'un immeuble, que de l'ensemble d'un quartier comme une cité-jardin remarquable ou d'un bâtiment industriel (Mecano à la Courneuve).

Les seigneurs des lieux ont laissé leur empreinte grâce aux divers châteaux, manoirs et maisons-fortes qui jalonnent nos villes. Les forteresses des Xe-XIIe siècles (comme à Drancy) et résidences seigneuriales des XIIIe-XVe siècles (tel le Château bleu à Tremblay-en-France) sont des éléments architecturaux incontournables du paysage de la Seine-Saint-Denis. La plupart des châteaux médiévaux sont reconstruits après le Moyen-âge et adaptés aux nouvelles exigences architecturales. Puis, le règne des « folies » du XVIIIe siècle, dont témoigne le château de Villemomble, achèvera l'ère des temps anciens.

Les témoins de la vie quotidienne (pigeonniers, colombiers ou moulins) dispersés au gré des communes du département indiquent un mode de fonctionnement au quotidien désormais révolu. Pensez par exemple au puits de Montreuil, au pigeonnier de Neuilly-sur-Marne, au colombier de Gournay-sur-Marne, à la fontaine de Noisy-le-Sec et à celle de Montfermeil ou bien encore au moulin et au lavoir de cette même commune.

A l'instar des signes que nous ont laissé nos ancêtres à travers certains édifices ou édicules tels que les moulins, les puits ou les fontaines, la période actuelle continue à laisser ses traces visuelles. Ainsi, des bâtiments liés à la vie quotidienne tels que les marchés couverts, les écoles, les équipements sportifs et culturels sont autant de marques que nos arrières petits-enfants décrypteront.

Cette capacité d'amalgame, cette mosaïque du cadre de vie, reflètent les acquis architecturaux de la Seine-Saint-Denis : des lotissements de Tremblay-en-France à la cité de La Muette à Drancy, en passant par les cités-jardins de Stains et de Drancy ou la Maladrerie d'Aubervilliers, des Magasins Généraux de cette même ville et, bien entendu, le Grand Stade de France édifié à la Plaine-Saint-Denis. Ce patrimoine particulier, inscrit tout au long du département, traduit l'image d'une continuité qui se joue dans les murs. Il interpelle ceux qui habitent la ville, le quartier ou la partie de ville concernés, mais aussi l'ensemble des villes, quartiers ou parties de villes qui offrent la même particularité.

Quand les maraîchers d’Aubervilliers ravitaillaient Tremblay-en-France

Maison de maraîcher et marais situés rue d'Amiens à PierrefitteA l’aube du XIXe siècle, l’ampleur de l’exode rural confronte les villes à d'inquiétants problèmes de croissance. Elles ne savent comment gérer l'afflux de population et, de tous les bords, des voix s'élèvent contre ces «pourrissoirs» que sont devenues les villes industrielles. Face à cette situation, deux courants se dessinent : aménager l'existant ou transporter la ville à la campagne. Ces deux options ne s'affrontent pas mais cohabitent car leur motivation profonde est la même : la santé des citadins, préoccupation dont les hygiénistes se sont emparés pour fonder leur discours. On assiste alors à l'émergence des cités-jardins (Pantin, Stains), des jardins ouvriers (Pantin) et des lotissements (Tremblay-en-France). Mais l'explosion des villes industrielles pose un autre problème, celui du ravitaillement. Aussi, pailleux (Vaujours) et maraîchers (Aubervilliers) investissent la banlieue avec, notamment, l'architecture si reconnaissable de leurs maisons.

L'architecture industrielle devient patrimoine à part entière

Existe-t-il une architecture propre à l'industrie ? Si l'on en croit les travaux de recherche réalisés à ce propos, il semble admis que l'architecture n'a rien d'un geste gratuit ou abstrait. Depuis les premiers pas de la mécanisation hydraulique au Moyen-âge, en s'affirmant, en se développant et en se spécialisant, l'industrie s'est donné peu à peu son expression architecturale.

Celle-ci doit répondre à la fois à la contrainte de la technologie mais aussi à celle de l'organisation du travail. C'est ainsi que l'architecture du labeur (la Maison des Arbalétriers à Saint-Denis) devient l'architecture de la manufacture (la parfumerie Bourgeois à Pantin ou la Manufacture d’Allumettes à Aubervilliers), puis de l'usine (Citroën à Saint-Ouen ou Babcock). Malgré sa soumission à ces contraintes, elle n'est pas pour autant imperméable à son environnement et demeure sensible au bâti vernaculaire qui l'entoure.

Un réseau de communication relativement dense couvre alors l'actuelle Seine-Saint-Denis. Cela favorise le département qui, entre autres raisons, devient l'axe préférentiel du développement industriel qui s'opère en région parisienne dans la seconde moitié du XIXe siècle. L'architecture industrielle possède ses symboles, plus ou moins appréciés au moment de leur mise en service, tel que l’usage de matériaux nouveaux comme le fer, la brique, le béton, matériaux « industriels » par excellence, qui font aujourd'hui de certains de ces bâtiments des symboles de la modernité. Les premiers bâtiments de l’usine Citroën à Saint-Ouen, les Magasins généraux à Aubervilliers ou l’usine Saint-Gobain dans cette même ville en témoignent.

L'audace des bâtisseurs

L'ère industrielle, c'est aussi l'époque de l'architecture audacieuse et innovatrice : nouveaux matériaux et nouvelles formes. La plus ancienne maison française construite en béton l’a été à Saint-Denis en 1852. Véritable pépinière de grands innovateurs, la Seine-Saint-Denis voit se succéder la témérité des architectes des années 1930 (le Blanc-Mesnil), la Reconstruction de l’après Seconde Guerre mondiale (la cité Castor de Montreuil-sous-Bois ou les 800 logements d'Aubervilliers), la folie des années 1960 (les 4000 logements de La Courneuve ou les Courtillières à Pantin), les innovations des années 1980/1990 (comme le Palacio d’Abraxas de Ricardo Bofil ou la Bourse du travail d’Oscar Niemeyer à Bobigny) et, bien sûr, le Grand Stade de France.

Les ouvrages d'art

Des ouvrages militaires (forts de Saint-Denis et de Romainville) aux ponts (le pont suspendu de l'Ile-Saint-Denis construit par les frères Seguin, en 1843, près de 20 ans après qu'ils aient construit celui de Tournon sur le Rhône), ce type d'architecture monumentale, même si elle reste minoritaire au regard d'autres plus présentes, ne doit pas être négligée. Jean-Luc Godard lui-même, à l’occasion du tournage de Pierrot le Fou, a impressionné sur la pellicule le tablier du pont de Tremblay-en-France, pont inachevé qui ne mène nulle part…

Villes natures ou nature de nos villes

Dès le début de son histoire, l’homme considère la nature comme pourvoyeuse de ressources. C'est pourquoi les rois se constituent des « remises à gibier » afin de préserver leur potentiel de chasse. Le souci de protéger la nature pour elle-même, sans but lucratif, apparaît au XVIIIe siècle. Depuis, les idées n'ont cessé d'évoluer sous l'influence conjointe de la prise en compte de l'espace dans son ensemble, des relations homme-nature et des progrès de l'écologie. La végétation et les restes d'une agriculture en voie de disparition (tels les murs à pêches de Montreuil ou les maisons de maraîchers à Bobigny) témoignent de l'histoire et participent au renforcement de l'ancien caractère rural du département, tandis que les parcs et jardins, conservés ou créés, affirment la volonté des hommes à se situer dans la lutte pour un équilibre écologique.

Bois et forêts couvraient autrefois une grande partie du département. De nos jours, s'il ne subsiste que des morceaux de la forêt de Bondy (qui abrita jadis des bandits de grands chemins et où Victor Hugo planta le décor de la rencontre de Cosette et Jean Valjean), la surface des espaces verts dans le département représente actuellement 10% du territoire. Il faut laisser aller ses pas à travers le Parc de La Courneuve, le Parc départemental du Sausset, le parc de la Bergère à Bobigny ou encore le Parc forestier de la Poudrerie à Sevran et Livry-Gargan.

Histoires d'eaux

Outre la Seine et la Marne, les petites rivières sont nombreuses en Seine-Saint-Denis. Mais la particularité du département est d'accueillir trois canaux. Les deux plus importants sont le canal Saint-Denis et le canal de l'Ourcq (ce dernier traverse la Seine-Saint-Denis sur plus de 17 km). Le troisième, le canal de Chelles, double la Marne dans sa traversée de Noisy-le-Grand et Gournay-sur-Marne. En tout, plus de 30 km de balade, à pied, en bicyclette ou en péniche, au gré d'un paysage à la fois industriel et bucolique.

La force de l'histoire : les musées

Qu'ils parlent de la mémoire du travail, de la technologie, de l'archéologie ou de la création, voire de choses plus surprenantes encore, les musées de Seine-Saint-Denis racontent tous la même histoire : celle de la vie. Les palettes d'expression sont particulièrement variées puisque le département comprend près d’une quinzaine de musées.

Pour en savoir plus sur le patrimoine de la Seine-Saint-Denis


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